Jean Converse est né de l’union d’un père anglophone et d’une mère francophone, une exception pour l’époque. Parlant le franglais à la maison, Jean avait de la misère à se faire comprendre à l’école de rang. Au lieu de parler, le jeune Converse écoutait avec attention. Malgré ses difficultés en langues, il excellait dans tout ce qui touchait les mathématiques et l’histoire. Il aidait d’ailleurs fréquemment son père à compter les billots qui entraient au moulin à scie. S’il prêtait l’oreille à tout ce qui se disait dans la cour d’école, Jean était particulièrement attentif aux histoires que racontaient les hommes de chantier qui débitaient leurs billots. Une fois, Jean s’est risqué à raconter une de ces histoires à table avec le même langage gras employé par son conteur d’origine! Il a eu droit à une langue savonnée. Prudent, Jean s’est alors mis à récolter les histoires qui l’entourent en attendant le bon moment pour les conter…
Le soir de ses quatorze ans, Jean est assis sur la galerie de la maison blanche de ses parents quand il entend des voix étranges. Curieux, Jean se rend au bord de la Rivière aux Cerises, qui s’écoule non loin, pour y découvrir un ouaouaron qui semble en pleine conversation avec un rat musqué. Jean profite de cette assemblée improvisée sous les conifères pour raconter sa meilleure histoire. Les deux animaux restent immobiles, captivés.
Depuis cette veillée-là, à tous les crépuscules, Jean Converse s’installe sur un lit de mousse et conte face à la rivière, entouré d’animaux de plus en plus nombreux. Le printemps suivant, des gens du village s’ajoutent à son auditoire, créant ainsi ce qui pourrait avoir été le tout premier festival de contes du Canton d’Orford!