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VOYAGE AU CAMEROUN - 12 avril

Je veux clore ce journal de bord aujourd’hui. Je procrastine depuis quelques jours. En vérité, je ne sais pas vraiment comment revenir de mon voyage. J’aimerais avoir une super belle leçon à te partager, vous laisser sur une note pleine d’espoir et de lumière, vous dire quelles seront mes prochaines étapes, mais, en vérité, je me sens comme vide.
J’ai vu les Chinois vider la forêt tropicale camerounaise. Ils ont construit un port à Kribi et c’est la fast-track pour sortir le bois de la forêt. Des troncs d’arbres gros comme je n’en avais jamais vu. Parfois un seul tronc par camion de 53 pieds. Sûrement des arbres de presque mille ans, je n’en ai aucune idée… J’ai vu la forêt tropicale se vider dans ce qui m’a semblé l’indifférence totale. C’est devenu la normalité. D’immenses coupes à blanc qui font reculer la faune, et les troupeaux d’éléphants, qui n’ont nulle part où aller, piétinent les maigres récoltes des communautés, dans la tristesse la plus totale. J’ai vu des familles déjà accablées par la précarité la plus extrême redouter la hausse des prix des aliments comme le blé, d’importation, qui fait encore partie du quotidien des africains. J’ai vu des amoncèlements de déchets immondes à Yaoundé, en raison de la grève du service de la collecte des déchets, alors que le choléra sévit encore sur place et que bientôt la grande saison des pluies va débuter bientôt : catastrophe annoncée dans l’eau sous peu.
Au retour de mon voyage, je ne sais pas vraiment quoi te dire. J’ose espérer, de tout cœur, qu’on a fait une différence, si petite soit-elle, dans le cœur d’au moins une personne, qui se nourrira d’espoir et qui pourra peut-être, grâce à un petit commerce de savon, créer un peu plus de richesse autour d’elle. J’étais heureuse de constater que les gens réalisaient à quel point les ressources naturelles qui les entourent peuvent les aider en ce sens, et qu’elles se sentent investies à l’idée de les protéger, et de les cultiver davantage. Je ne pense pas qu’on pourra sauver la forêt. On peut peut-être contribuer à la valoriser, et au mieux, peut-être, retarder le moment où le dernier arbre sera coupé. Ce problème dépasse largement notre portée. C’est une crise mondiale. Une crise de pouvoir. Une crise économique. Une crise politique. Ceci dans un pays où toute aide apportée est de nature suspicieuse.
Je ne sais pas comment je vais faire pour ramasser les restes de moi et continuer à vivre comme avant, maintenant que j’ai vu ce que j’ai vu. J’étais souvent incapable de prendre des photos, ni même de regarder entièrement. À Yaoundé, la majeure partie de la ville, ce sont des amoncèlements de déchets et des bidons-maisons. C’est d’une tristesse infinie.
Je me suis sentie imposteure à plusieurs reprises, dans les communautés. Lorsque je racontais mon parcours, avec l’inondation, et que je n’ai pas vu de lueur d’empathie dans leurs yeux, j’ai compris que mes défis étaient ceux des pays riches. Même dans les plus grandes épreuves, je suis loin de la précarité africaine. C’était une grande leçon d’humilité pour moi.
Je veux poursuivre le partenariat avec le Cameroun. Je veux acheter leurs matières premières. Je veux créer ce lien, qui me permet d’être la petite activiste du monde, de faire ma part, et de pouvoir me regarder dans le miroir le matin en me disant que je fais quelque chose, même à mon échelle, pour l’humanité.
J’étais contente de revenir. Soulagée, même. Contente de retourner dans mon château doré, même si j’avais un peu le haut-le-coeur de toute cette abondance. Ce week-end, on lance la Globetrotteuse, c’est un peu mon histoire, et ça va me faire du bien de jaser avec tout le monde à la Station et remettre un peu d’ordre dans ma tête. C’est peut-être ça, le choc culturel.
Avec ma famille+, on va faire un grand jardin. On commence ce week-end. Ça va me faire du bien de jouer dans la terre. Le jardinage guérit bien des maux. Avec le décalage horaire, je me réveille super tôt depuis quelques jours, et j’ai gardé l’habitude d’aller marcher, et d’aller voir le lac Orford. Mes chiens sont contents. Ça aussi, ça guérit.
Finalement, je vais peut-être vous réécrire de temps en temps. Pour vous donner des nouvelles de l’état d’avancement du chemin du projet Cameroun. En attendant, je vous ai ramené le beau temps. J’espère que, comme moi, vous profiterez de ce week-end.
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Marie-Eve Lejour
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Cette mission est financé par les Fonds pour l'innovation et la transformation du Manitoba Council for International Cooperation.

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