Ils sont là, un en face de l’autre. L’un est humain, l’autre végétal. C’est LA rencontre entre le botaniste, le Frère Marie-Victorin et le Chardon de Mingan, une espèce rare, menacée.
La plante était là, isolée de tout, dansant au gré des vents côtiers, les jours ensoleillés, vulnérable face à la menace des vagues puissantes lors des jours de tempêtes. Son voyage, le long des glaciers de l’ouest canadien jusqu’au nord Québécois, il y a 10 000 ans déjà, est une prouesse technique et botanique. Tenir bon, c’est ce qu’a fait le chardon jusqu’au jour où le botaniste entêté et aguerri est arrivé jusqu’à lui, en 1924. Comme si le Frère savait qu’en s’aventurant en territoire inexploré, l’improbable allait se produire. Un rendez-vous aussi mythique qu’historique ! Pour toujours, leurs destins seront liés par la richesse d’un territoire, l’Archipel de Mingan, et l’aridité d’une vie écourtée.
Le parallèle entre la vie des deux êtres est frappant. Le chardon se développera durant 9 ans. Il produira une unique et spectaculaire floraison. Affaibli, le plant mourra par la suite! Le botaniste lui n’aura vécu que 59 ans. Qui sait combien d’autres végétaux souhaitaient sa venue.
Grâce au botaniste, la survie du Cirsium scariosum, nom latin qu’il lui aura donné, le Chardon est aujourd’hui entre bonnes mains. Sa réintroduction est progressive et parsemée d’obstacles, mais le Frère veille sur la colonie! Il est là, poussant de toutes ses forces, semant ses fruits ici et là. Notre botaniste, synonyme d’une fraicheur florale glissera sur votre corps, rappelant que chaque filet d’eau a son chemin. À la croisée de ces deux existences, est née une pépinière pour la Vie!
