Alice Brassard, née Poulin, a vu le jour dans une famille de sept enfants à St-Georges-de-Beauce en 1923. Curieuse et dotée d’une intelligence vive, elle aurait pu entreprendre de grandes études, mais son destin l’obligea à quitter l’école en septième année pour aider sa mère monoparentale à prendre soin de ses frères et sœurs. Elle grandit en vivacité, en beauté et en sagesse, se maria au début de la vingtaine, bercée par un rêve de famille heureuse et de descendance nombreuse.
Les mois passaient et la vie, par quelque caprice, refusait toujours de s’installer en son sein. Quelque sept ans plus tard, son beau mariage se solda par un malheureux divorce – différences irréconciliables… Alice, femme sage, ne laissa pas son bonheur se ternir pour autant. Les années passaient au rythme des maternités de sa sœur cadette, qui, quelques mois après son troisième accouchement, appris qu’un cancer du sein la rongeait depuis trop longtemps pour y remédier. Avant son grand départ, elle confia ses trois précieux enfants à sa sœur Alice, laquelle s’empressa de les prendre sous ses ailes, de les élever seule, comme les siens, les enveloppant d’amour, les couvrant de baisers, les guidant de sages conseils.
Est-ce parce qu’elle avait accepté sa condition sans amertume, mais la Vie avec son grand V, la combla de têtes à aimer. Tout au long de sa vie, ses enfants, petits-enfants, petits-petits enfants se firent bercer entre ses bras rassurants, dans la même chaise berçante de bois qui avait fait grincer les lattes des planchers de ses aïeuls. Cette mère dans l’âme, au noble cœur, avait endossé des valeurs qui gardent le cœur jeune : le respect, l’amour, l’acceptation, l’altruisme.
À l’aube de ses quatre-vingt dix ans, elle présentait toujours un visage heureux, à peine altéré par le temps. L’âge avait creusé si peu de sillons dans cette figure toujours prête à rire, à aimer, à saisir l’instant, qu’on pouvait facilement retrancher deux décennies à son âge. On lui demandait souvent si elle avait un truc, une recette. Elle répondait invariablement ; aimer la vie ! Et pour ceux qui gardaient des points d’interrogation dans leurs yeux, elle ajoutait en riant : « Et me laver avec mon savon préféré, Lavande, karité et calendule !». Une vie simple, une vie sans fards ni artifices, une vie vraie. Mère-Grande a touché le cœur de tous ceux qui l’ont côtoyée et à défaut d’être établie et de réussir dans la vie, elle a vraiment réussi sa vie.
Merci à Mamie Alice d'avoir touché nos vies. Mère-Grande. Grand-mère-grande. Arrière-grand-mère-grande.
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