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CHRONIQUES DE PASSATION D’UNE PETITE ENTREPRISE 4e partie

Si vous le permettez, je vous partage ici l’histoire du transfert de la Savonnerie dont la production sera bientôt assurée par l’équipe d’Anne Bastide de J’habite chez mon chat, à St-Raymond. 

Les Chroniques, 4e partie.

no 14 De l’obsession de ne rien gaspiller  

C’était la dernière semaine officielle de production. On a fabriqué nos derniers savons. Officieusement, il y aura aussi d’autres savons fabriqués la semaine prochaine, puisqu’Anne Bastide et son bras droit viendront suivre leur formation « diligente » à même nos installations. Et la semaine suivante, ce sont nos visites d’usine, il y aura également de la démonstration de fabrication. C’est donc « presque » terminé. Certaines matières commencent à manquer, et c’est normal. Chaque fois, j’ai envie d’en racheter. C’est un réflexe de continuité.  

Je vis le dépouillement comme une grâce, un allègement. Mon sens de la stratégie est utilisé à son paroxysme, car c’est un casse-tête d’un million de morceaux avec un ordre, une valse pour initiés, presque aussi complexe qu’apprendre le mandarin. Il y a des opportunités dans le dépouillement : on redécouvre des objets – cette semaine, j’ai trouvé des boîtes qu’on avait utilisées pour les premiers savons Soleil de l’Est en 2008! Je ne pouvais pas croire qu’on avait encore ça! On peut aussi faire des heureux : Anne-Marie du Le refuge Lobadanaki, centre de réhabilitation de la faune & sanctuaire est venue hier chercher les fleurs de nos macérats et nous aider à terminer notre opération vide-frigo : elle est repartie avec toutes nos purées de légumes congelées qu'on avait réservées pour les savons du marché qui ne seront pas fabriqués cette année! On était heureux de savoir que ce sont les animaux qui se régaleront avec ces légumes!  

Imaginez… il faut se dépouiller de tout ce qu’on a accumulé depuis 18 ans. Parce qu’on est encore en production, on n’a pas encore vraiment commencé, mais on fait du ménage, et on tente de tout utiliser. On a trouvé plein d’objets « Savonnerie des Diligences » qu’on a apportés au Comptoir d’usine : des stylos, des clés USB, des tabliers. Vous pourrez les adopter!  

Après avoir passé 18 ans à avoir un impact écologique positif et à ne pas gaspiller, on veut s’assurer que notre « héritage » ne se ramasse pas aux ordures et sera bien utilisé. Un objet à la fois.  

no 15 Avoir le courage de rester jusqu’à la fin 

Ce que nos collègues ont accepté de faire, travailler leur préavis, rester jusqu’à la fin, aller jusqu’au bout de l’histoire, peu de gens acceptent de le faire, car c’est le choix le plus difficile. C’est plus facile de quitter rapidement et de ne pas être confronté à la douleur de perdre, jour après jour, un peu comme un supplice chinois. Voir les choses se transformer sous nos yeux. Vivre les étapes une à la fois, lentement. La plupart des gens préfèrent arracher le « plaster », quitter, et passer à autre chose. On ne juge personne. Dans un deuil, la facilité n’existe pas, de toute façon. Un deuil, c’est un deuil, ça ne se compare et ne se quantifie pas.  

Je suis honorée d’avoir eu la chance de côtoyer ces humains exceptionnels. Je les ai tous choisis avec amour. Ils sont d’un courage héroïque et d’une force peu commune. Ils ont choisi d’aller jusqu’au bout de la route et de leur histoire. Ils peuvent être réellement fiers d’avoir marché ce chemin peu fréquenté.   

Deux ans, quatre ans, sept ans, dix ans, dix-huit ans. Il y en a eu des années, des semaines, des jours, des heures, des minutes, des secondes passées à travailler dans un but commun : celui de faire la différence dans le monde. Merci à mon équipe d’avoir marché tout ce temps avec moi.  

no 16 Mettre son masque en premier 

Attention, chronique plus personnelle. Si cette histoire inspire une seule personne et l’incite à se prioriser, le partage de mon aventure aura été utile.  

Je suis entrepreneure depuis plus de 18 ans, et maman depuis presque 20 ans maintenant. Séparée depuis plus de onze ans (donc monoparentale) mais en famille « re » depuis plus de 10 ans. J’ai une famille que j’adore, des parents présents, quoique vieillissants, une vie multiple. Nos vies ne sont pas simples, à l’ère moderne. Je suis seule actionnaire de la Savonnerie depuis onze ans, également. C’est une vie qui m’a permis d’aller jusqu’au bout de mes capacités, et pour reconnaître le bout, j’ai dû le dépasser, à quelques reprises.   

L’aventure n’a pas été confortable. En croissance, j’ai perdu le contrôle, sur ma gestion, mes dépenses, et mon poids. En fait, tout allait si vite, c’était vertigineux. En connaissez-vous des femmes, monoparentales, cheffes d’entreprise, qui gèrent des bâtiments et des équipes de plusieurs dizaines d’employés? Sûrement pas beaucoup, parce que la mission est presque impossible. En fait, j’arrive au constat que c’est impossible sans qu’un aspect de notre vie soit négligé. Dans mon cas, c’était ma santé. Toutes ces années, je n’ai pas réussi à me prioriser. Si je vous en parle aujourd’hui, c’est que je suis persuadée que si je n’avais pas réussi à mettre mon masque en premier il y a presque trois ans, je n’aurais pas réussi à passer à travers les défis d’aujourd’hui.  

Il y a presque trois ans, j’ai choisi une chirurgie bariatrique pour perdre du poids et retrouver ma liberté de mouvement. Ça a complètement changé ma vie, et ça m’a permis de retrouver la santé. Il y a presque deux ans, j’ai recommencé à marcher. Je voulais d’abord y aller 2-3 fois par semaine, puis, j’y suis allée chaque jour. Tous les jours. C’est devenu essentiel, comme me brosser les dents. La marche, le matin, entre mon domicile et le travail, me permet d’établir une vision plus claire sur la journée qui vient, de prendre du recul, de trouver des réponses à certaines questions que je pourrais avoir, de visualiser les défis de la journée qui s’annonce.   

Les derniers mois, la situation s’est complexifiée. J’ai été inondée à mon domicile cet été, et je ne savais que j’avais de grandes décisions à prendre pour la suite de l’histoire de la Savonnerie. Afin de m’assurer de puiser les ressources à l’intérieur de moi, j’ai décidé d’en faire encore plus pour mon bien-être. Mon chum et moi avons commencé à faire du yoga… trois fois par semaine! Donc marche tous les jours, yoga trois fois par semaine. En octobre, nous avons également décidé d’arrêter de boire de l’alcool (c’est trop facile d’utiliser les dépendances comme mécanisme de compensation du stress) et mon chum a arrêté de fumer la cigarette. Ce qu’il faut retenir : chaque fois que ça devenait plus intense, on ajoutait quelque chose de plus pour notre bien-être.  

Le résultat : je suis persuadée que cette nouvelle hygiène de vie me donne l’énergie nécessaire pour traverser les moments plus intenses. La présence totale qu’exige la passation n’aurait pas été possible sans ma pratique de yoga, mes marches, et cette bienveillance générale envers moi-même, qui me permet ensuite d’être là pour les autres. Si je ne m’étais pas priorisée, si je n’avais pas « mis mon masque en premier », je ne crois pas que j’aurais réussi à traverser ce passage sans y laisser ma santé. Certes, on ne peut savoir ce que l’avenir nous réserve, mais si on est présent à nous-mêmes, on est à la bonne place.  

Je vous souhaite de marcher votre vie. Vous verrez. Après, tout goûte meilleur.  

 

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