Une histoire inventée par nos enfants...
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Depuis souvenir d’homme, la Sorcière de la Montagne vit dans une grotte secrète, sous le Mont-Orford, dans les Cantons-de-l’Est. Cet être d’apparence humaine détient des pouvoirs surprenants et très utiles pour ses allers et venues ; dès qu’elle touche une empreinte de pas, une carcasse d’animal ou même son poil, elle peut se transformer en cet animal, si tel est son désir.
Profitant des nuits pour errer le long du sentier des crêtes, elle se déplace si rapidement qu’elle peut traverser le chemin du sommet d’Orford plusieurs fois sans se faire repérer, laissant sur son passage une forte odeur d’épices qu’on pourrait prendre pour du poivre. Elle pourrait s’en tenir à la dégustation de verdure et de racines, mais son faible pour la viande, rouge de préférence, lui fait faire des folies. Les petits et gros gibiers qui tombent sous sa dent longue et pointue la comblent.
Pendant la saison de chasse, une année où la nourriture se faisait plus rare, elle descendit la montagne pour se rapprocher des habitations. Elle aperçut un chat noir qui lui sembla tout ce qu’il y a de plus ragoûtant. Elle le captura, le mangea, et le trouva délicieux! Cette empreinte délectable laissée sur ses papilles la poussa à s’aventurer de plus en plus souvent près des habitations. Elle réalisa vite que les chats blancs, tâchés ou tigrés étaient tout aussi délicieux. Depuis ce temps, on enregistre de plus en plus de mystérieuses disparitions de chats errants pendant la nuit…
Tous se rappelleront que dans les années 1960, le Mont-Orford a été cédé par le gouvernement à une société privée, c’est alors que l’autoroute 10 fut érigée de Montréal à Magog. Pas besoin de dire que la Sorcière de la Montagne fut fortement incommodée par le dynamitage. Devenue nerveuse et perturbée, elle se mit à apeurer les randonneurs de nuit. Elle les frôlait en poussant des hurlements terrifiants, que certains prenaient pour les cris du coyote.
À la longue, des campeurs voulant profiter de la nature sauvage la forcèrent à déplacer sa grotte. Sa contrariété fut telle qu’elle se mit dans une colère foudroyante, laquelle déclencha un orage sans précédent, inondant plusieurs propriétés riveraines des lacs Orford, Stukely et Fraser.
Elle finit par accepter la cohabitation avec les visiteurs de la montagne, mais question de leur rappeler qu’elle leur a consenti un privilège, la sorcière des montagnes prend un malin plaisir à entretenir un microclimat entre Stukely et Magog, y jetant, selon son humeur du moment, pluie abondante, verglas, neige et poudrerie. Qui désire venir habiter ou transiter par ces régions doit le faire à ses risques et périls ...
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