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VOYAGE AU CAMEROUN - 25 avril

Pourquoi l'Afrique?
Nous sommes arrivés au Cameroun il y a quelques heures, après un vol de nuit, dans un long périple qui a duré plus de 30 heures. La patience est de mise pour voyager à l’autre bout du monde. On sait aussi que c’est un luxe inouï accessible à peu. Le savoir augmente la patience, exacerbée par le nombre de contrôles douaniers, tests covid et questions sur le pourquoi du voyage. Ce à quoi je meurs toujours d’envie de répondre par une petite ritournelle philosophique. Je sais que les douaniers en ont vus d’autres et qu’ils entendent rarement à rire.
On en sait un peu plus sur notre itinéraire, après avoir discuté avec Jacques de l’UdeS qui nous accompagne dans notre périple camerounais. Jusqu’à samedi, on ira travailler aux bureaux de la FEDEC avec l’équipe de Tropical Forest. Après, on se dirigera vers le parc de Campo ou on passera quelques 5 jours dans les communautés. Sur le retour, nous visiterons deux jours la station balnéaire de Kribi (mon rêve de me baigner dans la mer en Afrique se réalisera!), puis, ce sera direction Réserve du Dja pour un autre séjour dans les communautés.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé de fouler le sol africain. D’abord comme globetrotteuse, parce que j’ai l’ambition de visiter les sept continents. Je suis d’ailleurs un peu en retard sur mon planning. Je me suis accrochée les pieds, on dirait. Jeune, je voulais faire la course destination monde. J’avais le formulaire en mains lorsque l’émission a été annulée. Beaucoup plus tard, j’apprendrais que cette année-là, mon amoureux Stéphane s’était rendu loin dans la sélection pour la même course, jusqu’à avoir sa participation confirmée, avant que le projet soit annulé, alors qu’il préparait déjà ses bagages. L’histoire me le fera rencontrer une génération plus tard…
Dans la jeune vingtaine, j’ai goûté l’Afrique. J’ai eu un copain burundais duquel j’étais tombée follement amoureuse. Ceci a décuplé ma fascination pour ce continent mythique. Je rêvais de visiter Bujumbura et de me baigner dans le lac Tanganyka (vous savez que j’aime l’eau.. c’est récurrent). Ces noms évoquaient la promesse d’un exotisme goûteux. L’amoureux est parti, mais pas l’envie de visiter l’Afrique. Bien plus tard, mariée avec enfants et nouvellement entrepreneure, on a eu une proposition pour gérer le démarrage d’une savonnerie artisanale au Congo. C’était la première opportunité d’aller contribuer au développement de l’Afrique en utilisant mes talents. J’étais complètement obsédée par ce projet. En cours d’évaluation, j’ai communiqué avec mon ex-copain burundais pour lui demander son avis. J’avais plusieurs réserves sur le fait d’aller au Congo avec de très jeunes enfants (ma fille avait soufflé sa première bougie). Il m’avait vraiment déconseillé le voyage, surtout du fait de l’âge des enfants et du climat politique congolais instable. C’était en 2008.
En 2019, presqu’une autre vie plus tard, le rêve africain arrive via les femmes d’affaires de la Guinée, dans un projet de collaboration avec le Réseau des femmes d’affaires du Québec. Les Guinéennes nous visitent et viennent apprendre à faire du savon dans notre nouvelle usine de Bolton-Est, quelques semaines à peine après l’inondation. Même si ce projet est resté en suspens depuis la COVID, ces femmes ont vraiment tiré profit de la formation: elles avaient déjà une savonnerie et elles ont adapté leurs méthodes pour améliorer leur production. Nous espérons encore pouvoir les visiter un jour. L’enjeu majeur de ce projet était le financement, car si nous étions prêts à investir du temps, nous ne sommes pas assez au-dessus de nos moyens pour envisager financer une mission.
En 2020, en pleine pandémie, on a eu le contact de Philippe de l’Université de Sherbrooke, avec qui mon amie Linda a collaboré pour quelques missions au Cameroun. Le contact physique avec l’équipe de l’Université a eu lieu un an plus tard. Jusqu’il y a quelques semaines, avant d’avoir notre billet d’avion en mains, ça me semblait encore peu réaliste que le projet se réalise. On dirait qu’il y avait eu jusqu'ici trop de possibilités avortées.
Aujourd’hui, ce sera notre première journée sur ce continent tant désiré. À la question “pourquoi?”, je suis persuadée que je trouverai la réponse au cours de ce séjour dans un endroit qui m’appelle depuis si longtemps. Je trouverai bien pourquoi j’ai cet appel si fort d’aller me perdre à l’autre bout du monde, dans la jungle, à créer des liens avec des gens vraiment différents de moi, mais peut-être plus semblables qu’il n’en paraît, et qui me permettront de réaliser ma mission, mon “why”, et comprendre encore un peu plus le sens de mon passage sur cette terre.
À demain.
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Marie-Eve Lejour
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Cette mission est financé par les Fonds pour l'innovation et la transformation du Manitoba Council for International Cooperation.

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