26 avril - Yaoundé
Hier c'était notre première journée dans la capitale, après deux vols et transit - un petit 30h de voyagement. 30h ou l'excitation monte... on avait si hâte de fouler le sol africain!
Entre les deux vols, on a dormi quelques heures au Maroc. Ça fait un peu glamour dit de même, j'avoue. On avait loué un petit bnb près de l'hôtel, pour la piscine. Finalement, elle était fermée à cause du Ramadan. On dirait que ça m'arrive tout le temps, les histoires de piscine! Elle est toujours fermée, ou en réparation. On est retournés prendre l'avion sans que je me sois baignée, ainsi soit-il.
Dans l'avion vers Yaoundé, ma fille m'avait préparé une playlist avec ses meilleures chansons. J'ai enfilé mes écouteurs et j'ai lancé la playlist, tricot à la main. J'ai recommencé à tricoter il y a quelques années et en avion, c'est particulièrement important. Ça m'aide à moduler mon anxiété-excitation. On appellera ça comme tu veux! Les écouteurs m'ont permis un moment d'introspection bien mérité, j'ai beaucoup besoin de ça dans ma vie, c'est également la raison pour laquelle je voyage souvent seule. Bref, la playlist était vraiment bonne, ça groovait tellement que l'envie de dormir est passée au suivant, et j'étais la seule "éclairée" à la lampe de lecture qui, de surcroît, trépignait sur le beat dans son banc, tricot à la main. De l'extérieur, je ne sais pas si j'avais l'air cool ou d'une grand-mère new age, mais on s'en fout, finalement.
La vérité, c'est que j'ai "vécu de quoi" de pas mal rare à ce moment précis. Les dernières semaines ont été super intenses en terme de quantité de travail, le tout pour arriver à l'échéance de boucler les projets avant le Cameroun. J'avais certes préparé le contenu de la formation-conférence-témoignage-etc., ce que j'ai envie de partager avec les communautés. Il me restait à trouver la formule, le comment, l'angle par lequel arriver, sans mes sabots, et pas comme un cheveu sur la soupe.
Je ne sais plus si c'est sur le beat d'Honeypie (Jawny) ou de Let's Get Loud (Lopez) mais j'ai vraiment eu envie de danser. Danser ma vie. Je me suis rappelée alors que c'est la joie qui unit le monde. L'amour. La célébration. J'ai envie de peut-être faire danser les communautés. Ma fille me trouve intense, mais on verra. Je me suis rappelée que toutes les conférences marquantes auxquelles j'ai assisté avaient eu des petits moments "outside the box", parfois ponctuées par de la musique. Ça prend pas grand chose pour faire la différence, parfois.
Qu'est-ce qui fait que c'est maintenant que je me retrouve en Afrique et pas il y a dix ans? Il doit bien y avoir une raison! Alors, ça m'a frappé, comme la foudre. Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour partager tout ce que je suis, tout ce que je sais, et tout ce à quoi j'aspire avec les communautés. C'est la manière dont j'entends les marquer et laisser une trace, une lueur, une brêche. Je veux devenir un marqueur. Une rencontre qui leur apportera d'abord beaucoup d'espoir, des idées concrètes, puis, des outils. Et pour le faire, je vais passer par leurs aspirations, LEURS RÊVES! Chaque fois que j'ai eu la discussion avec quelqu'un, même quelqu'un de réfractaire (ça arrive souvent!), il y avait quelque chose qui se passait, une magie, un enchantement. Je vais commencer avec ça dans les communautés.
J'étais si hilare à cette idée, je me sentais en transe, j'aurais voulu déjà y être. Jacques, le responsable de la mission, est passé dans la rangée de l'avion à ce moment précis. Il m'a demandé si j'étais un oiseau de nuit. "Vraiment pas, Jacques, si tu savais", que je lui ai répondu. "Par contre, j'espère que tu es prêt pour la formation dans les communautés, parce que moi, je le suis. J'espère que le management de l'inovation est prêt, lui aussi, parce que j'entends bien secouer la jungle de joie et d'espoir", lui ai-je confié. Il m'a répondu que ce sera super et que ça fera sûrement beaucoup de bien aux communautés, qui ont parfois eu une vie difficile. Ça m'a touchée. J'ai senti que j'avais véritablement un rôle à jouer, no matter what. Je suis responsable de la qualité de la nourriture que je servirai sur la table, pas de ce que les gens vont choisir et manger. C'est l'essence même du partage.
C'est dans cet esprit que j'ai atteri à Yaoundé hier matin, gonflée à bloc, la tête pleine d'espoir de partages riches et nourrissants.
Aujourd'hui, c'est notre première journée avec Tropical Forest, avec Manfred et toute l'équipe. On va en savoir plus sur les missions dans les communautés. Hâte de te partager tout ça.
Bon mardi au Québec! J'espère que la température se réchauffe un peu!
Pour le plaisir, voici 59 secondes à Yaoundé.
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Marie-Eve Lejour
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